LA LETTRE A ERNST WALLIN

Mon cher Ernst,
Peut-être nous sommes nous croisés un jour, sans le savoir, parmi tant d’autres, sous les arcades de la Rue de Rivoli… Ou ailleurs dans Paris, notre ville d’adoption. Oui, nous nous sommes surement manqués… jusqu’à ce jour! Quand, à 19 ans, je suis arrivée à la Gare du Nord par le train de Stockholm, vous étiez déjà depuis trois ans le comptable de la toute nouvelle Association Artistique Suédoise. Vous étiez un amateur d’art, un collectionneur, et vous étiez toujours près à venir en aide aux artistes. « A mon ami Ernst Wallin », c’est ce que nous pouvons lire sur ce petit portrait que Bengt Lindström a fait de vous. Et voilà que maintenant vous êtes aussi mon ami, bien que nous nous soyons manqués sous ces arcades de la Rue de Rivoli…
Depuis tant d’années se sont écoulées. De vous je sais peu de choses. Vous étiez et vous restez un homme secret et pourtant vous me demandez de vous parler de moi! Pas si facile, Ernst. Tant de lieux, tant d’activités. Je crois pourtant oser dire qu’il y a un fil rouge : un besoin constant d’exprimer des sentiments, des impressions, des idées que ce soit par la céramique, la sculpture, le dessin, les masques, les marionnettes! Par des animations aussi, à l’hôpital, dans la rue… Et cela aussi bien en Suède qu’en France et au Japon, mes trois patries. Les sensations les plus fortes ? Sans doute au Japon : 
Mishima se suicidait. Moi, j’y mettais au monde mon fils.
Un ami fidèle?  L’argile! Combien de fois n’ai-je pas demandé à un bout de terre dans ma main « Qu’as-tu à me raconter aujourd’hui ? » et je ne suis jamais restée sans réponse! 

Mais je vous promets de l’ordre, Ernst. Un blog ! Un blog où vous allez pouvoir trouver comme de petits tiroirs où je vais tout raconter. Tout ou presque ! Certaines choses je vous les dirai en tête à tête… Un tout petit tiroir sera nommé «Ernst Wallin» et c’est autour de ce tiroir que je nouerai le fils rouge… 
Quant aux tiroirs nommés «Théâtre Montparnasse», « Nordiska Teaterförlaget », «Sandrews Film & Teater», «NHK Radio Japan», «Guide Conférencier», ils renfermeront ma vie professionnelle, «les vrais boulots », ceux qui ont été rémunérés! D’ailleurs, j’aimerais vous emmener faire une promenade secrète à Paris, peut-être en tête à tête ou la main dans la main…
Nous resterons en contact, n’est-ce pas, Ernst ? Je suis curieuse. J’aimerais en savoir un peu plus… Je dois avouer que je vous ai un peu espionné. Cette feuille jaunie de votre comptabilité… Ces roses?  Elles étaient chères et elles n’étaient pas pour moi!
Votre Eva

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